Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02 avril 2011

Sarkozy à Tokyo : sans aucun intérêt

Ambassade3.JPGLa communauté française du Japon était reçue à l’ambassade de France de Tokyo le jeudi 31 mars par notre président Sarkozy. Comme d’autres je pense, j’y suis également allé avec un collègue pour voir ce qu’il avait à nous dire d’intéressant.

De nombreux Français étaient venus et l’ambassade était pleine de ceux restés à Tokyo malgré les conseils avisés de l’ambassade de France. On se serait cru un 14 juillet du temps où l’ambassade avait encore les moyens d’inviter la communauté française.

On nous avait demandé d’arriver avant 15 heures pour un discours à 15h30 et nous avons du patienter plus d’une heure et demi debout l’arrivée de Nicolas. Nous en avons profité pour discuter avec quelques français autour de nous qui visiblement ne voyaient pas comme nous l’intérêt de quitter Tokyo.

Malgré sa perte de vitesse dans les sondages, ou peut-être à cause de celà, notre président est arrivé en coup de vent, a prononcé son discours et est parti, tout cela en 30 minutes. Une rapidité supersonique pour un discours insipide et totalement sans intérêt.

Que retenir de ce discours :

1) Une nouvelle proposition analogue à son union de la Méditerrannée, mais à l’échelle planétaire, pour créér des normes internationales entre les pays du G20 sur la sûreté des centrales nucléaires. Bonne idée, il faut le reconnaître, mais pourquoi venir à Tokyo pour la présenter alors que les membres du G20 se réunissaient en Chine ? Pourquoi se limiter au problème des centrales nucléaires alors que ce qui inquiéte également nos amis japonais sont plutôt les missiles nucléaires de la Corée du Nord qui sont potentiellement plus dangereux car plus imprévisibles que le problème de la centrale nucléaire de Fukushima ? Va t’on inclure dans cet accord planétaire les armes nucéaires françaises et autres ?

Ou aura t’on le même effet que pour l’union de la Méditerrannée, une cérémonie funéraire après les élections de 2012 ? Encore un effet d’annonce.

2) Un passage à la télévision française et un discours prononcé pour les Français de métropole et bien loin de nos préoccupation actuelles ici à Tokyo. Et en prime le même message incohérent déjà diffusé en boucle par notre ambassade : vous êtes en sécurité ici à Tokyo, mais on vous conseille de partir.

Pour nous, Français de Tokyo, rien, si ce n’est :

  • Un discours convenu et pénible sur les difficultés de vivre ici à Tokyo compte tenu des circonstances, alors que pour beaucoup nous n’avons pas beaucoup de problèmes et qu’il ne faut pas exagérer la situation. Cette extension des problèmes difficiles du Tohoku à l’ensemble du Japon devient pénible à la longue, à force de répondre aux emails d’inquiétude inutile de nos familles.
  • Une croyance quasi-religieuse dans l’arrêt des activités au Japon suite à la catastrophe, et dans le fait que la réouverture du lycée franco-japonais de Tokyo va permettre de faire redémarrer l’économie japonaise, preuve d’une ignorance totale des réalités. Pour nous qui sommes restés ici à Tokyo, nous savons bien que les activités à Tokyo ont commencé à reprendre bien avant cette date, après une seule semaine de perturbation des transports en commun. Même si tout n’est pas encore parfait, nous arrivons à vivre et travailler correctement.
  • Une fierté d’avoir appliqué un principe de précaution qui a permis à la télévision japonaise de faire de beaux reportages sur les files de français fuyant le Japon comme si c’était un pays en guerre, et qui nous permet aujourd’hui à chaque réunion professionnelle d’avoir à répondre à la question : « Vous n’êtes pas repartis en France avec les autres Français ? ». Pourquoi ce principe de précaution n’est-il pas appliqué avec la même énergie en Côte d’Ivoire, pays réellement en guerre civile ?

Il semble donc qu’en fait Sarkozy soit venu à Tokyo pour faire une belle photo, et accessoirement peut-être pour se débarrasser de la présidente d’Areva que l’on a envoyé prendre quelques radiations à proximité de la centrale nucléaire de Fukushima.. Enfin une utilité trouvée pour cette centrale avant sa fermeture définitive.

A son niveau de popularité actuelle, je n’ose imaginer qu’il aurait pu venir ici à Tokyo et dépenser autant d’argent du contribuable français simplement pour essayer de récupérer quelques voix pour 2012.

Jean-Pierre Ragaru, Trésorier de la section Modem Japon

Les commentaires sont fermés.